Gustave Flaubert : L’Écrivain Solitaire et Absolu. Gustave Flaubert est un écrivain qui se distingue par son parcours atypique, marqué par une lente reconnaissance et un perfectionnisme extrême. Contrairement à Victor Hugo ou Musset, célèbres dès leur jeunesse, Flaubert reste dans l’ombre jusqu’à 36 ans, lorsqu’il publie Madame Bovary (1857). Pourtant, ses premières œuvres de jeunesse, comme Mémoires d’un fou ou Novembre, révèlent déjà une maturité littéraire et une vision du monde désabusée. L’adolescent Flaubert, hanté par la mort et la désillusion amoureuse, traverse une période de crise existentielle comparable à celle d’Arthur Rimbaud, oscillant entre exaltation et dégoût profond. Issu d’une famille bourgeoise de Rouen, il est poussé par son père à embrasser une carrière juridique, mais une crise nerveuse en 1844 met brutalement fin à ses études. Cet événement, loin d’être une tragédie, lui offre la liberté dont il avait besoin pour se consacrer pleinement à la littérature. Dès lors, il s’enferme dans son pavillon de Croisset, où il vivra en reclus pendant près de 30 ans, travaillant avec une rigueur obsessionnelle. Il refuse toute compromission avec le succès facile et méprise l’idée d’écrire pour plaire. À son ami Maxime Du Camp, il lance : « Moi, je ne vise pas le port, mais la haute mer.
Flaubert conçoit l’art comme une quête absolue, détachée de toute ambition personnelle ou morale. Il rejette la littérature narcissique, refusant d’utiliser l’écriture comme un simple exutoire. Son idéal : une prose parfaite, objective, où l’auteur disparaît derrière son œuvre. Son style, précis et ciselé, influence profondément la littérature moderne. Jusqu’à sa mort en 1880, il demeure fidèle à sa vision, passant des années sur chaque roman, de Salammbô à L’Éducation sentimentale, jusqu’au dernier, inachevé, Bouvard et Pécuchet. Flaubert, écrivain solitaire, aura fait de sa vie un sacrifice à l’art, prouvant qu’il était possible de consacrer son existence entière à la recherche du « mot juste ».