Ce débat entre Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, organisé dans le cadre du second tour de l’élection présidentielle, s’est structuré en plusieurs grandes thématiques : politique intérieure, économie, politique étrangère et défense. Dès le début, Giscard d’Estaing insiste sur la stabilité de sa majorité et sur l’absence de crises gouvernementales durant son septennat. Il rappelle que Jacques Chirac et une large part de la droite soutiennent sa candidature, minimisant les tensions internes. Mitterrand, quant à lui, questionne cette unité en citant des déclarations critiques de Chirac sur le bilan du président sortant. Il affirme que son gouvernement serait composé de ceux qui ont soutenu ses options politiques et qu’il dissoudrait l’Assemblée nationale pour obtenir une majorité conforme à son programme. Giscard conteste cette approche, affirmant qu’un gouvernement ne peut fonctionner sans légitimité parlementaire, et que la dissolution immédiate entraînerait un risque d’instabilité. Sur l’économie, le débat tourne autour du chômage, de l’inflation et des nationalisations. Giscard défend son bilan en expliquant que la France a mieux résisté à la crise que d’autres pays industrialisés, mais reconnaît l’échec sur le chômage et l’inflation. Il prévient que le programme de Mitterrand, avec ses nationalisations et recrutements massifs dans la fonction publique, risquerait d’aggraver ces problèmes. Mitterrand critique le bilan du septennat, rappelant les promesses non tenues et l’augmentation du chômage. Il défend les nationalisations comme un moyen de redonner à l’État un contrôle sur les secteurs stratégiques et de favoriser une répartition plus équitable des richesses. La question de l’indépendance énergétique divise également les candidats : Giscard défend le programme nucléaire, tandis que Mitterrand plaide pour une diversification des sources d’énergie, y compris le développement des énergies renouvelables. En matière de politique étrangère, Mitterrand reproche à Giscard son rapprochement avec l’URSS après l’invasion de l’Afghanistan et sa gestion des affaires africaines, notamment en Centrafrique et au Zaïre. Giscard justifie ses décisions par des impératifs de stabilité et de protection des Français. Sur la défense, il critique l’opposition constante de Mitterrand aux crédits militaires et défend une dissuasion nucléaire forte. Mitterrand répond en expliquant que son refus des budgets militaires s’inscrit dans une opposition globale à la politique gouvernementale, et non dans un rejet de la défense nationale. Il affirme vouloir préserver la souveraineté française tout en évitant un militarisme excessif. Dans leurs conclusions, Giscard met en garde contre le changement par simple désir de nouveauté et défend sa vision d’une France libérale et européenne, où l’État joue un rôle limité. Mitterrand insiste sur la nécessité de réformes pour plus d’égalité sociale et politique, en appelant au rassemblement de la gauche et au dépassement des fractures nationales. Ce débat illustre deux visions opposées de la France : l’une fondée sur la continuité et la prudence économique, l’autre sur le changement et l’intervention de l’État dans l’économie et la société.