Raymond Aron (1905-1983) était un philosophe, sociologue et journaliste français, reconnu pour son analyse lucide du totalitarisme, sa critique du marxisme et son engagement en faveur du libéralisme démocratique. Formé à l'École normale supérieure aux côtés de Sartre, il s'éloigne rapidement de l'existentialisme sartrien pour développer une pensée politique pragmatique, influencée par Max Weber. Son œuvre majeure, L’Opium des intellectuels (1955), dénonce l’aveuglement idéologique de nombreux intellectuels français face au communisme, qu'il compare à une forme de religion séculière. Aron prône une approche réaliste des relations internationales, notamment dans Paix et guerre entre les nations (1962), où il expose la logique des conflits et des alliances dans un monde bipolaire dominé par la guerre froide. Observateur rigoureux de la politique contemporaine, Aron fut un fervent défenseur du pluralisme démocratique et de l’économie de marché, tout en reconnaissant la nécessité d’un État régulateur. Il s’opposa aux utopies révolutionnaires et aux dogmatismes idéologiques, plaidant pour une approche pragmatique du progrès social. Son travail journalistique, notamment au Figaro et à L’Express, témoigne de son engagement intellectuel contre les illusions idéologiques du XXe siècle. Son héritage demeure essentiel pour comprendre les tensions entre liberté et égalitarisme, idéalisme et réalisme en politique.