L’auteur exprime un besoin d’échapper aux conventions imposées par les studios de danse et les espaces théâtraux classiques pour explorer de nouvelles formes d’expression. Il insiste sur l’idée que le décor et les objets de la vie quotidienne peuvent devenir des éléments centraux d’un spectacle, s’inscrivant ainsi dans une approche inspirée du ready-made et du minimalisme. L’absence de scénographie sophistiquée, remplacée par des éléments fonctionnels comme un aspirateur ou des patins à glace, souligne une volonté de traiter le banal et le quotidien comme matière artistique, tout en questionnant la surconsommation et le symbolisme des objets. Cette démarche rejoint des réflexions majeures dans l’histoire de l’art et du théâtre, notamment celles de Georges Perec et du théâtre post-dramatique, où la narration linéaire et la hiérarchie des rôles sont dissoutes au profit d’une approche plus conceptuelle. Le spectacle devient ainsi un espace d’interrogation, où la place du spectateur est essentielle : il doit non seulement observer, mais aussi interagir mentalement avec ce qu’il voit. L’idée d’un décor réduit à ses coordonnées cardinales (nord, sud, est, ouest) traduit cette volonté de proposer un espace neutre, où chaque représentation peut générer sa propre géographie symbolique. Ce travail s’inscrit dans une logique de rupture avec les conventions scéniques, affirmant que le sens d’une œuvre ne réside pas dans une narration préétablie, mais dans l’expérience qu’en fait le spectateur. La pièce évoquée, "Nom donné par l’auteur", interroge les frontières entre danse, théâtre et performance. Elle repousse la définition classique de la chorégraphie en supprimant volontairement la danse au profit d’une mise en scène d’objets et de gestes minimalistes. Ce processus rappelle la démarche de figures comme John Cage ou Merce Cunningham, où le hasard et l’absence de contrôle total sur le spectacle participent à la construction du sens. L’auteur reconnaît ici une forme de rupture historique, inscrivant son travail dans une lignée d’expérimentations artistiques qui cherchent à redéfinir le médium plutôt qu’à en suivre les conventions. La notion de temps et d’attente devient aussi un élément structurant, où le vide scénique et le silence sont des espaces d’activation pour le spectateur. Ce dernier est appelé à combler les silences, à interpréter les objets et à créer du sens à partir de ce qui semble être une absence d’action. Finalement, cette approche souligne une tension entre l’abstraction et la nécessité d’une présence scénique vivante. L’auteur insiste sur l’importance du live, refusant de réduire la pièce à une simple vidéo ou à une installation plastique. Il affirme que, même dans l’apparente inaction, il se passe toujours quelque chose tant qu’un public est présent. Cette réflexion rejoint les théories de la performance et du théâtre expérimental, où la scène devient un laboratoire d’expériences perceptives et conceptuelles. Le spectacle, loin d’être un produit fini, devient un processus en constante redéfinition, dépendant du contexte et du regard du spectateur. Ainsi, "Nom donné par l’auteur" s’inscrit dans une dynamique de transformation du théâtre contemporain, où la mise en crise des conventions devient une manière de repenser l’expérience artistique elle-même.