domingo, 2 de febrero de 2025

Breton












André Breton revient sur la définition du surréalisme, qu’il présente comme un automatisme psychique pur permettant d’exprimer la pensée sans le contrôle de la raison ni considération esthétique ou morale. Ce mouvement trouve ses origines dans l’expérimentation de l’écriture automatique, développée avec Philippe Soupault en 1919, inspirée des idées de Freud sur l’inconscient. Bien que le surréalisme partage des points communs avec la psychanalyse, il s’en distingue par son objectif : explorer librement les mécanismes de la pensée sans intention thérapeutique. Breton évoque aussi son lien avec le mouvement Dada, avec lequel il partageait une révolte contre les valeurs établies, bien que le surréalisme ait progressivement affirmé son autonomie. Les premières manifestations publiques étaient marquées par la provocation, cherchant à susciter des réactions violentes du public pour remettre en cause les conventions culturelles. Loin de se limiter à une simple révolution esthétique, le surréalisme visait à transformer la vie en profondeur, en refusant tout compromis avec l’ordre social et moral. Il influença d’abord les écrivains et peintres, attirant des figures comme Max Ernst, Salvador Dalí et Joan Miró. Toutefois, Breton se montre critique envers certaines évolutions du mouvement, notamment l’attitude de Dalí, qu’il juge motivée par des intérêts publicitaires. Il souligne également que le surréalisme n’est pas une doctrine figée ni une institution dogmatique, bien que ses membres suivent des principes fondamentaux centrés sur la liberté, la poésie et l’amour. L’engagement des surréalistes dépasse l’art pour toucher des questions politiques et sociales. Initialement attirés par le communisme, ils se heurtèrent rapidement à l’hostilité du Parti communiste et prirent leurs distances, tout en maintenant un engagement révolutionnaire. Sur le plan artistique, Breton admet qu’au départ, il était difficile d’appliquer l’automatisme à la peinture, le médium se prêtant mal à une dictée inconsciente pure. Pourtant, des artistes comme Jackson Pollock et le mouvement de l’abstraction lyrique prolongèrent cette recherche. Le surréalisme influença profondément les arts plastiques, bien que Breton ait toujours préféré parler du surréalisme et la peinture plutôt que de peinture surréaliste, insistant sur la distinction entre les deux. Il rejette aussi toute institutionnalisation du mouvement, refusant que le surréalisme soit réduit à une école ou une chapelle. Il critique également l’étiquette de pape du surréalisme qui lui a été attribuée, affirmant que le mouvement repose sur une quête de liberté et d’expérimentation plutôt que sur une hiérarchie rigide. Enfin, Breton dresse un bilan du surréalisme après quarante ans d’existence, soulignant son impact sur la sensibilité moderne. Il estime que le mouvement a profondément modifié la perception artistique et intellectuelle de son époque, influençant de nombreux domaines au-delà de la littérature et des arts visuels. Il met en avant l’importance du merveilleux, concept central du surréalisme, notamment dans l’exploration des rêves et de l’inconscient. Malgré les critiques et les départs successifs, il affirme que le surréalisme continue d’évoluer, porté par de nouvelles générations d’artistes et de penseurs. Ce mouvement reste un espace d’expérimentation et de subversion, refusant toute récupération institutionnelle ou commerciale. Pour Breton, le surréalisme n’est ni une mode ni un courant figé, mais un mode d’être et de penser en perpétuelle évolution.