Une enfance marquée par l'écriture et la recherche d'un père absent
Anaïs Nin, célèbre auteure et pionnière du journal intime littéraire, a commencé à écrire dès l’âge de 11 ans, initialement pour son père. Ce journal, d’abord une lettre destinée à le convaincre de rejoindre sa famille après leur départ pour l’Amérique, s’est transformé en une œuvre monumentale, couvrant des décennies et dépassant 20 000 pages. Issue d’une famille aux origines catalanes et françaises, Nin a connu une enfance nomade, accompagnant son père, pianiste de concert, à travers l’Europe. Lorsqu’il a abandonné la famille, Anaïs, alors une enfant, s’est sentie coupable, croyant être la cause de cet éloignement. Cette blessure a marqué ses écrits et sa quête artistique, le journal devenant à la fois son refuge et son confident.
L’Amérique, un déracinement et une quête identitaire
Arrivée à New York à l’âge de 11 ans, Anaïs Nin a vécu un choc culturel. Éduquée dans un système public qui méprisait ses origines européennes, elle a rapidement quitté l’école, trouvant refuge dans les bibliothèques publiques où elle dévorait des livres de manière alphabétique. Ce déracinement l’a poussée à s’enfermer dans l’écriture, développant une sensibilité unique et une observation introspective. Nin a souvent exploré dans ses journaux et ses romans la dualité de sa personnalité et la quête d’une unité intérieure. Cette introspection a trouvé écho dans son engagement pour les artistes et les rebelles, qu’elle a toujours soutenus, tels qu’Henry Miller ou Antonin Artaud.
Une écriture entre journal et fiction
La transition d’Anaïs Nin vers l’écriture romanesque a été marquée par une tension constante entre la vérité du journal et les exigences de la fiction. Ses romans, bien que moins populaires que son journal, explorent des thèmes intimes, souvent inspirés de sa vie et de son entourage. Nin percevait le journal comme un espace de vérité brute, tandis que le roman lui permettait de transformer ces vérités en symboles et en récits universels. Cependant, le succès littéraire est venu tardivement, grâce à la publication partielle de son journal, qui a révélé une voix féminine unique et introspective.
Une philosophie de compassion et un engagement artistique
Pour Anaïs Nin, l’écriture était un acte de compassion, un moyen de comprendre et d’accepter les autres. Elle a souvent soutenu les artistes marginalisés, payé de sa poche pour publier certaines œuvres et encouragé des initiatives indépendantes. Bien que méfiante envers les mouvements politiques ou féministes trop dogmatiques, elle croyait en l’importance de la voix féminine dans tous les domaines, particulièrement dans les arts et la politique. Sa phrase emblématique, « La compassion est la seule clé », résume sa vision d’une vie consacrée à la compréhension des autres et à la quête de vérités profondes à travers l’écriture.