En France, les enfants passent de plus en plus de temps devant les écrans dès leur plus jeune âge. Une étude de Santé publique France montre qu’à 2 ans, ils y consacrent 10 minutes par jour, un chiffre qui grimpe à 1h20 pour les enfants de 3 ans et demi. Ces données suscitent des inquiétudes, car les experts déconseillent fortement l’utilisation des écrans avant l’âge de 3 ans. Les tout-petits, confrontés quotidiennement aux écrans, notamment la télévision, ont besoin de développer leur intelligence à travers des interactions réelles et des expériences sensorielles. Les écrans, bien qu’attractifs, ne permettent pas cet apprentissage fondamental. L’enfant doit toucher, manipuler, explorer et interagir avec des objets réels pour développer ses capacités cognitives. Par exemple, un objet tombé et ramassé par un adulte crée une interaction précieuse qui n’a pas d’équivalent numérique. Les tablettes éducatives, malgré leurs promesses, présentent un monde figé et répétitif, qui limite l’acquisition de connaissances et la créativité de l’enfant. Au-delà des effets physiques bien documentés comme l’obésité ou la myopie, l’impact psychique des écrans soulève également des préoccupations. Chez les adolescents, leur utilisation excessive affecte la mémoire, l’attention et même le sommeil, en perturbant notamment la production de mélatonine. Les réseaux sociaux amplifient les risques de troubles de l’image de soi, d’anxiété et de dépression, surtout chez les jeunes femmes exposées à des contenus retouchés. La comparaison constante avec des normes irréalistes favorise les complexes et augmente les demandes de chirurgie esthétique. Les adolescents, captivés par ces plateformes, réduisent leurs interactions sociales réelles, bien que les réseaux leur donnent l’illusion de connexions multiples. Une étude a même montré qu’une réduction de dix minutes par jour sur des applications comme Instagram ou Snapchat peut diminuer significativement les risques de dépression et d’anxiété. Cette situation met en évidence la nécessité d’un usage encadré des écrans pour préserver la santé mentale et cognitive des jeunes. Le système éducatif est lui aussi touché par ces transformations. Dans certaines écoles, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture se fait désormais sur tablettes, au détriment du papier et de l’écriture manuscrite. Cette évolution inquiète les spécialistes, car l’écriture à la main est essentielle pour développer une mémoire gestuelle fiable, ancrée dans les mouvements physiques. La Suède, pionnière du tout numérique scolaire, fait marche arrière après avoir constaté une baisse des résultats académiques et de l’esprit critique chez les élèves. Ce retour aux manuels papier illustre l’importance des supports physiques pour un apprentissage efficace et durable. Pourtant, l’introduction des écrans dans les classes reflète une pression sociétale croissante pour adapter les enfants au monde numérique, sans tenir compte de leurs besoins cognitifs. Les parents ont un rôle clé dans l’accompagnement des enfants face aux écrans. Ils doivent non seulement limiter la durée d’exposition, mais aussi privilégier des activités interactives qui stimulent l’apprentissage et la créativité. Les applications éducatives peuvent être utiles dans un cadre bien défini, avec une participation active des adultes. Cependant, les parents eux-mêmes doivent surveiller leur propre usage des écrans. L’exemple qu’ils donnent est fondamental, car les enfants, dès leur naissance, perçoivent les téléphones comme des objets précieux en voyant leurs parents constamment rivés dessus. Cette omniprésence des écrans dans le quotidien familial contribue à normaliser des comportements qui favorisent la dépendance. Les bébés et jeunes enfants, privés d’interactions sociales de qualité, risquent de souffrir de retards dans leur développement, avec des impacts comparables à des lésions cérébrales dans les cas extrêmes. Les écrans, en particulier les smartphones, suscitent une dépendance chez de nombreux adultes et adolescents. Ils deviennent une extension de soi, indispensable au point de provoquer une angoisse lorsqu’ils ne sont pas accessibles. Ce phénomène, que certains qualifient d’addiction, est amplifié par les réseaux sociaux. Ces plateformes, conçues pour capter l’attention de manière constante, enferment les utilisateurs dans une boucle de stimuli qui réduit leur capacité à se concentrer sur d’autres activités. Cette dépendance numérique isole socialement et nuit à la santé mentale, augmentant les risques de dépression, d’anxiété et même de troubles du sommeil. Pour lutter contre cette emprise, il est essentiel de privilégier des moments déconnectés, comme la pratique d’activités physiques, créatives ou sociales, qui ne permettent pas l’utilisation des écrans. Face à ces enjeux, il est clair que les écrans ne disparaîtront pas de notre quotidien. Il devient donc crucial d’apprendre à les utiliser avec intelligence et modération. Les parents, les éducateurs et les décideurs publics ont un rôle central à jouer pour encadrer ces usages, sensibiliser aux risques et promouvoir des alternatives saines. Les écrans peuvent être des outils enrichissants lorsqu’ils sont bien utilisés, mais leur omniprésence exige une vigilance constante pour éviter qu’ils ne nuisent au développement cognitif, à la santé mentale et au bien-être global de chacun.