Marc Bloch, historien d'exception et résistant emblématique, fait désormais son entrée au Panthéon, marquant une reconnaissance nationale pour son apport à l’histoire et son engagement patriotique. Bloch, fils d’un spécialiste d’antiquité romaine, se détourne de l’histoire politique dominante de son époque pour embrasser une approche novatrice, intégrant le temps long et les mentalités. Son œuvre majeure, Les Rois thaumaturges, illustre son intérêt pour l’anthropologie historique et le comparatisme. À travers la revue Annales d’histoire économique et sociale, qu’il cofonde en 1929 avec Lucien Febvre, il révolutionne l’écriture de l’histoire en y intégrant les sciences sociales, l’économie et la sociologie, tout en portant un regard critique sur les événements contemporains. Engagé dès la Première Guerre mondiale, Marc Bloch reste fidèle à une vision multifactorielle de l’histoire, refusant les explications simplistes des événements. Son ouvrage L’Étrange Défaite, rédigé en 1940, analyse les causes complexes de la débâcle française, mêlant crise économique, désorganisation politique et failles de l’état-major. Bloch y présente un témoignage personnel, se décrivant comme un "civil à l’esprit militaire", marqué par son engagement sur les fronts des deux guerres mondiales et, plus tard, dans la Résistance. Ce courage l’amènera à sacrifier sa vie pour la France, fusillé par les nazis en 1944. Juif alsacien, Bloch ne pratique pas sa religion mais revendique sa judéité face à l’antisémitisme. Son testament reflète cette double identité, affirmant sa fierté d’être juif tout en se déclarant avant tout profondément français. Il incarne ainsi une partie de l’histoire du judaïsme français, particulièrement en Alsace, où l’Affaire Dreyfus a profondément marqué sa génération. Marc Bloch, à la croisée de l’intellectuel, du patriote et du résistant, demeure une figure intemporelle, à la fois témoin et acteur d’une histoire tragique et glorieuse.
