L’exposition "Enfant en guerre, guerre à l’enfance", qui s’ouvre le 20 novembre à la Contemporaine de Nanterre, explore l’impact des guerres sur les enfants depuis 1914. Conçue par Anne Tournereau et Manon Pignot, historienne spécialiste des enfants en guerre, elle examine comment les enfants, victimes, témoins et parfois acteurs des conflits, sont ciblés par les belligérants. La Première Guerre mondiale est une matrice qui révèle un tournant brutal dans l’implication des enfants, à travers des discours mobilisateurs dans l’éducation, les jouets, ou encore la littérature. Les conflits ultérieurs, notamment ceux liés aux totalitarismes, amplifient cette idéologisation de l’enfance, exploitée pour servir des causes politiques. Les enfants comme cibles des guerres. Les guerres modernes transforment les enfants en cibles directes, souvent pour affaiblir le moral des populations ou dans des contextes génocidaires où ils incarnent la survie même d’une communauté. Par exemple, lors du génocide arménien ou dans les politiques de russification actuelles visant des enfants ukrainiens, ils deviennent des instruments pour détruire des cultures et identités nationales. À Gaza, les enfants représentent une part majeure des victimes civiles, illustrant les dimensions tragiques de cette guerre d'anéantissement. Archives et témoignages : une fenêtre sur leurs expériences. Les archives utilisées pour comprendre ces expériences incluent journaux, correspondances, dessins et témoignages oraux. Ces sources reflètent l’intériorisation des discours de guerre, mais aussi les traumatismes ou résiliences. Les dessins, par exemple, révèlent des détails frappants du quotidien des enfants, comme les amputations ou le deuil omniprésent pendant la Première Guerre mondiale. Enfants et résilience après-guerre. La thématique des sorties de guerre, abordée dans l’exposition, met en lumière le trauma, mais aussi la reconstruction des enfants ayant traversé ces épreuves. L'histoire de ces jeunes est indissociable des conséquences à long terme des conflits et de leur potentiel de résilience. L'exposition appelle à réfléchir aux mécanismes permettant de protéger les générations futures et à reconnaître les effets durables des conflits sur les enfants, inscrits au cœur de l'histoire contemporaine.