miércoles, 13 de noviembre de 2024

Wittgenstein



Wittgenstein explore la capacité et les limites du langage pour exprimer le monde et les concepts. Son idée centrale est que le langage ne peut exprimer que des faits, des états de choses observables, et non des concepts abstraits ou métaphysiques tels que l'être, l'âme ou Dieu. Cette distinction se résume par la séparation entre ce qui peut être dit — ce qui appartient au domaine des faits logiques — et ce qui doit être montré, c’est-à-dire ce qui échappe à la description verbale et ne peut être qu’indiqué ou vécu. Le langage a des frontières intrinsèques et, selon Wittgenstein, tenter d'utiliser le langage pour parler de ce qui se situe en dehors de ses limites est un non-sens. Dire « ceci est en dehors du langage » en utilisant le langage est une contradiction, car on utilise précisément ce même outil pour tenter de décrire ce qui le dépasse. Cette incapacité à dire le lien entre le langage et la réalité — ce qui peut seulement être montré — illustre les limites mêmes de l’expression linguistique. La philosophie traditionnelle, qui cherche à formuler des vérités métaphysiques ou des essences ultimes, se fourvoie en franchissant ces limites. Par exemple, les questions comme « qu'est-ce que l'être ? » ou « qu'est-ce que la conscience ? » ne peuvent être formulées correctement, car elles ne correspondent pas à des faits du monde mais à des concepts que le langage ne peut contenir. En essayant de les exprimer, la philosophie sombre dans le non-sens, car elle tente de remplir une tâche impossible : mettre des expériences et des réalités indicibles dans la structure finie et logique du langage. Wittgenstein soutient que les énoncés qui n’expriment pas des faits sont hors du sens. Les jugements de valeur, qu’ils soient esthétiques, éthiques ou moraux, ne peuvent pas être énoncés comme des vérités du monde ; ils relèvent d’un autre domaine, celui de l’expérience vécue. Ces expériences, bien que centrales à l’humanité, doivent être ressenties et non décrites. La phrase « sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence » signifie que les réalités les plus profondes — éthiques, esthétiques ou mystiques — échappent à la logique verbale et doivent être expérimentées plutôt que débattues. Ainsi, la philosophie, pour Wittgenstein, devient une thérapie du langage qui clarifie la pensée et montre ce qui peut être dit et ce qui doit être montré. Loin de dévaloriser la pensée philosophique, cela la recentre sur l’essentiel : comprendre et délimiter le champ de ce que le langage peut accomplir. Ce faisant, la philosophie cesse de prétendre résoudre des énigmes métaphysiques et se consacre à reconnaître ses propres limites, à éviter le verbiage inutile, et à voir que certaines vérités doivent être vécues, non dites.