sábado, 1 de febrero de 2025

PAUL B





Orlando, Virginia Woolf et Paul B. Preciado : Une Biographie au-delà du Genre. Paul B. Preciado, philosophe et écrivain, s’approprie Orlando de Virginia Woolf pour en faire une relecture politique et collective. Dans son film Orlando, ma biographie politique, il ne se contente pas d’adapter le roman de 1928, mais l’inscrit dans une réflexion contemporaine sur les identités de genre et les normes binaires. Là où Woolf imaginait un aristocrate anglais traversant les siècles et changeant de sexe sans encombre, Preciado rappelle que les transitions de genre, aujourd’hui, ne se font pas dans la facilité et concernent des individus bien au-delà des cercles privilégiés. Son Orlando n’est pas solitaire, mais multiple, incarné par 26 personnes trans et non binaires qui donnent chair à cette idée : chacun peut être Orlando. Le film interroge la manière dont le langage façonne nos identités. Preciado insiste sur la nécessité de sortir du cadre médico-légal qui pathologise la transidentité pour l’inscrire dans un récit collectif, émancipateur. Il refuse de cantonner la transition à une trajectoire individuelle ou tragique et préfère en souligner la dimension joyeuse et révolutionnaire. Pour lui, les corps ne sont pas de simples entités biologiques, mais des archives vivantes, traversées par l’histoire, la littérature, et les structures politiques. Il s’agit non seulement de changer la perception de la transidentité, mais aussi d’imaginer une société qui dépasse les cadres imposés par l’hétéronormativité et la binarité de genre. Preciado s’inscrit dans une tradition philosophique qui mêle corps et pensée, s’inspirant de figures comme Spinoza et Susan Sontag. Son optimisme n’est pas naïf : il sait que les résistances existent, notamment du côté des politiques réactionnaires, mais il est convaincu que nous avançons vers une transformation profonde de la société. Pour lui, dans un futur proche, l’assignation de la différence sexuelle à la naissance semblera aussi archaïque que l’esclavage ou la ségrégation. À travers son film, il invite à une révolution douce mais radicale : écrire et vivre nos propres biographies, affranchies des normes d’hier.