jueves, 23 de enero de 2025

Lors de sa seconde investiture, Donald Trump a opéré un virage plus radical que lors de son premier mandat. S’appuyant sur une équipe désormais plus professionnelle, il affiche des intentions claires, notamment sur l'immigration, avec des mesures comme la déportation massive et la révision du droit du sol, et sur le plan international, avec des décisions telles que le retrait des États-Unis de l'OMS et de l'accord de Paris.




Le projet 2025, développé par la Heritage Foundation, constitue la feuille de route de cette administration, qui vise à recentraliser les pouvoirs entre les mains du président. Trump incarne désormais une droite ultra-conservatrice, mêlant pragmatisme politique et idéologie, tout en jouant sur une communication spectaculaire pour galvaniser ses partisans. Une polarisation exacerbée et un État fédéral fragilisé. La présidence Trump met en lumière une crise profonde du fédéralisme américain, exacerbée par les tensions croissantes entre l’État fédéral et les gouverneurs des États fédérés. Des épisodes récents, comme la confrontation entre le Texas et Washington sur la gestion de la crise migratoire, illustrent cette défiance. L’État fédéral, historiquement fragile depuis sa création, traverse une déliquescence accentuée depuis les années 1960. Les crises économiques, les scandales politiques et le néolibéralisme ont renforcé le désenchantement envers Washington. Cette défiance s’est traduite par une montée des revendications autonomistes, menaçant l’équilibre de la fédération. Face à cette crise, Trump propose une restructuration radicale du pouvoir. Il ambitionne de renforcer les prérogatives présidentielles en retirant des pouvoirs au Congrès, comme le droit de déclarer la guerre, et en centralisant la gestion des Gardes nationales sous l’autorité fédérale. Cette recentralisation s’accompagne d’un discours valorisant l’Amérique d’un âge d’or fantasmé, qui rappelle une époque marquée par des inégalités profondes et un développement économique réservé à une élite. Si Trump se présente comme le sauveur d’un État fédéral en crise, ses propositions risquent d’aggraver les divisions et de conduire à un autoritarisme inédit. Sur le plan international, Trump poursuit son rejet du multilatéralisme. Quitter l’OMS et l’accord de Paris sur le climat traduit une volonté de mettre fin à l’ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale. Cette stratégie, bien que populaire auprès de son électorat, pourrait isoler les États-Unis face aux défis globaux tels que les pandémies ou le changement climatique. L’objectif affiché est clair : rétablir une souveraineté nationale totale au détriment des institutions internationales, quitte à se priver des bénéfices de la coopération multilatérale. Dans son livre L’Amérique éclatée, Romuald Sura analyse la fragilité croissante de la fédération américaine. Les tensions entre le fédéral et les États fédérés, les divisions idéologiques exacerbées et la montée des revendications autonomistes mettent à l’épreuve la cohésion nationale. Trump s’appuie sur ces fractures pour consolider son pouvoir, mais sa présidence soulève des questions sur la capacité des États-Unis à maintenir leur unité face à une polarisation croissante. Si Trump incarne une réponse aux maux actuels, sa vision risque d’envenimer encore davantage la fragmentation de la société américaine.

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