L’interlocutrice commence par évoquer une époque où elle et sa génération de comédiens se considéraient comme des « missionnaires », porteurs d’une ambition militante visant à renverser les normes établies. Cette vision, teintée d’un rejet du système de stars et d’un refus des valeurs morales figées, traduisait un désir de renouvellement dans le cinéma et la culture en général. Elle souligne l’influence de ses pairs issus du Conservatoire, des artistes déterminés à conquérir leur place face à une génération d’acteurs installés. Cependant, elle admet que cette ferveur pouvait parfois sembler excessive, voire utopique. L’échange explore aussi la question des rémunérations dans le cinéma. Elle défend une logique de participation liée aux recettes des films, estimant que les acteurs, tout comme les producteurs, devraient bénéficier des succès financiers. Toutefois, elle dénonce les abus du système où des promesses de participation ne sont pas tenues. Selon elle, une véritable collaboration entre producteurs et acteurs est essentielle pour éviter les tensions et instaurer un cadre plus juste. Elle reste critique envers l’exploitation des artistes, notamment les jeunes réalisateurs et acteurs, souvent écartés au profit de figures reconnues pour maximiser les recettes. Sur le plan personnel, l’actrice évoque son rapport au métier. Ayant débuté très jeune, elle aspire à une reconversion vers la trentaine, souhaitant découvrir une vie au-delà des rôles qu’elle incarne. Elle insiste sur la nécessité de conserver un équilibre mental et émotionnel, notamment en s’isolant périodiquement pour se ressourcer. Le rythme effréné des tournages, qu’elle compare à un vieillissement accéléré, exige des périodes de pause loin des regards extérieurs pour préserver son bien-être et sa créativité. Malgré l’intensité de son parcours, elle conclut en affirmant que le bonheur réside dans l’amour de ce qu’elle fait, ce qui constitue pour elle une véritable réussite.