L’auteur explore la transition historique entre trois grandes périodes : agraire, industrielle et urbaine. Il souligne que l’humanité entre à peine dans l’ère urbaine, marquée par des transformations profondes de la pensée et des pratiques sociales. Toutefois, cette transition est ralentie par un décalage entre la rapidité des changements concrets et l’évolution des concepts utilisés pour les comprendre et les organiser. On continue à penser l’urbanisme avec des idées héritées de l’industrialisation, sans véritablement concevoir un espace urbain adapté aux besoins contemporains. Ce retard intellectuel et pratique entraîne une fragmentation de l’espace urbain, où les populations sont dispersées sans véritable cohésion sociale. L’auteur critique aussi l’absence de réforme urbaine équivalente aux réformes agraires du passé, bien que la propriété du sol en ville soit un enjeu tout aussi crucial que celle des terres agricoles autrefois. L’un des problèmes majeurs de l’urbanisation actuelle réside dans la spécialisation excessive des espaces, qui entraîne une ségrégation sociale et fonctionnelle. Autrefois, les places de marché servaient à la fois d’espaces commerciaux, politiques et sociaux, alors qu’aujourd’hui, chaque fonction est isolée dans un espace distinct. Cette segmentation détruit la spontanéité et la vitalité urbaine. L’auteur critique aussi l’urbanisme technocratique qui, loin d’être une véritable science, s’est réduit à un mélange de décisions administratives et d’intérêts financiers. La spéculation foncière, la domination de la voiture et la transformation des villes en espaces purement fonctionnels sont autant de symptômes de cette approche stérile. Il propose donc une réinvention complète de l’urbanisme, en repensant les notions d’espace et de temps. L’échec de l’urbanisme moderne repose sur une méconnaissance de ce qu’habiter signifie réellement. Les villes sont construites selon une logique économique et administrative, plutôt qu’en fonction des besoins humains. L’auteur évoque l’influence néfaste du fonctionnalisme architectural, incarné par Le Corbusier, qui a produit des habitats déshumanisés. Il insiste sur l’importance de redonner à l’espace une valeur d’usage plutôt qu’une simple valeur marchande. Il critique également les tentatives artificielles de participation citoyenne, qui ne sont souvent que des simulacres destinés à légitimer des décisions déjà prises. Selon lui, la véritable transformation urbaine nécessiterait une refonte des concepts, une réappropriation des espaces par les habitants et une rupture avec la logique purement commerciale de l’urbanisme contemporain. Enfin, l’auteur met en lumière un paradoxe fondamental : tandis que la société devient de plus en plus urbaine, elle est également menacée par une forme de ruralisation, où les espaces sont standardisés et vidés de leur dynamisme social. Il critique l’impact de l’automobile, qui a profondément modifié la structure des villes sans répondre aux vrais enjeux de mobilité. Il remet en question l’idée que la ville moderne puisse se réduire à un simple flux de circulation et de consommation. Pour éviter un urbanisme purement fonctionnel et sans âme, il plaide pour une réinvention de l’espace urbain, intégrant des dimensions culturelles, sociales et symboliques. Il ne s’agit pas seulement d’aménager des infrastructures, mais de redonner du sens à la ville en tant que lieu de vie et d’échange, un défi qui nécessite une rupture radicale avec les modèles actuels.