L’hommage de Jacques Chirac à François Mitterrand, prononcé après le décès de ce dernier en janvier 1996, témoigne d’un profond respect malgré leurs divergences politiques. Adversaires emblématiques de la Ve République, ils ont incarné deux visions contrastées de la France : Mitterrand, le socialiste réformateur, et Chirac, le gaulliste pragmatique. Cependant, leur rivalité n’a jamais éclipsé la reconnaissance mutuelle de leurs talents respectifs. Lors de son éloge funèbre, Chirac a souligné la stature d’homme d’État de Mitterrand, mettant en avant son intelligence stratégique, sa culture humaniste et son attachement à l’histoire de France. Cet hommage traduisait également une certaine solennité républicaine, où les querelles partisanes s’effacent devant la mémoire d’un chef d’État ayant marqué son époque. Dans son discours, Chirac a insisté sur le legs de Mitterrand : son engagement pour l’unité européenne, sa réforme sociale et son combat pour la justice. Ce moment d’hommage a aussi révélé une dimension plus intime de leur relation, faite d’oppositions franches mais aussi d’une forme d’estime réciproque. Chirac, qui venait de lui succéder à l’Élysée, reconnaissait en Mitterrand un homme habité par une vision de la France, parfois mystérieuse, souvent controversée, mais toujours empreinte d’une profondeur historique. Cet hommage reflétait ainsi non seulement la grandeur du défunt président, mais aussi une certaine noblesse politique où l’admiration et la mémoire transcendent les rivalités.